En grandissant, c'est le cadet qui a montré une jalousie frisant la pathologie par rapport à son grand frère. Il ne voulait jamais jouer avec les jouets de son âge, s'énervait parce qu'il n'était pas capable de réaliser les mêmes choses que son frère, voulait entrer au CP à trois ans et allait jusqu'à se blesser pour attirer mon attention lorsqu'il se sentait « abandonné ».
La réaction des enfants est imprévisible
Mes enfants ont finalement réagi de façon tout à fait contraire à mes attentes et à ce que j'avais présupposé. J'ai compris qu'on ne peut pas édicter de règle générale en matière de comportement d'un enfant. Chaque individu a sa personnalité innée qu'il continue de construire avec son vécu et son environnement. J'ai aussi compris qu'il ne servait à rien de vouloir raisonner mon deuxième enfant, toutes ses attitudes étaient de l'ordre de l'émotion. Mais sa jalousie très prononcée n'avait pas que des côtés négatifs. A force de vouloir tout faire comme son frère, il est devenu autonome très vite, la propreté a été acquise en deux jours, le biberon mis aux oubliettes très tôt, le langage s'est mis en place très rapidement, c'était pour lui le meilleur des moyens pour pouvoir encore mieux exprimer son sentiment de jalousie omniprésent. A cinq ans, son institutrice de maternelle s'est rendu compte qu'il savait lire. Quand je lui dis que je n'avais rien fait dans ce sens, simplement que je lui avais imposé de se tenir tranquille pendant que je contrôlais la lecture de son grand frère, qu'il pouvait être présent mais en silence, nous n'en revenions pas de constater à quel point sa jalousie avait été un vrai moteur pour l'apprentissage de la lecture. Comment gérer la jalousie dans une fratrie
On a beau se dire que la jalousie est un sentiment naturel dans une fratrie, mais cela n'enlève rien à l'agacement quotidien qu'on ressent quand ce sentiment se manifeste à longueur de journée. Il n'y a pas de recette miracle, il faut constamment rappeler les limites à ne pas dépasser, comme par exemple l’interdiction d'en venir aux mains. Un jour ma mère a offert à mes deux enfants, deux coquetiers, l'un bleu et l'autre vert. Ces deux objets anodins ont provoqué des scènes épouvantables, à chaque fois que je leur faisait des œufs coque c'était le drame, chacun voulait le bleu, ou le vert, soi-disant que mamie avait donné le bleu à l'un, mais l'autre prétendait le contraire. Je me suis retrouvée devant plusieurs choix. Soit je détruisais les deux coquetiers, soit je ne les utilisais plus. J'ai opté pour une solution intermédiaire et les ai offerts à un enfant de ma connaissance. La leçon a portée ses fruits, ils se sont immédiatement mis d'accord pour me faire des reproches.